[PC] OFF

Bonjour, chers amis.
 
Dites-moi, êtes-vous du genre à vous poser des questions quand vous jouez à un jeu ? Est-ce que vous foncez dans le tas ou vous laissez porter par les évènements ? Appréciez-vous d’être menés par une intrigue ou le seul gameplay vous suffit-il ? Attendez-vous d’un jeu qu’il vous surprenne ? Oui ?
 
Fort bien. Car quelle que soit la réponse que vous ayez fournie à ces questions, OFF est un jeu qui vous surprendra.
 
 
Pour commencer, qu’est-ce que c’est ?
 
OFF est un jeu indépendant réalisé par la Team belge (encore des belges ouais) Unproductive Fun Time, dans laquelle on retiendra principalement Mortis Ghost pour le développement et Alias Conrad Coldwood pour la musique. Le jeu est sorti en 2008 et a été traduit en anglais en 2011 et il est plus facile de le trouver en passant par des pages anglaises, Internet est un lieu étrange et plein de surprises.
 
Mais donc, pour commencer, si vous souhaitez le télécharger, vous pouvez aller voir ici : http://forum.starmen.net/forum/Fan/Games/OFF-by-Mortis-Ghost et en bas de la page, vous trouverez un lien vers « the original, untranslated game » qui vous permettra d’y jouer tranquillement dans votre langue maternelle. Notez qu’il y a aussi le lien vers l’OST, qui peut vous intéresser aussi. Mais une fois que vous aurez fini, c’est mieux.
 
A part ça, OFF ressemble à un jeu d’aventures style RPG tout ce qu’il y a de plus simple : il y a une map (à l’apparence très abstraite), il y a plusieurs zones que vous débloquerez petit à petit, il y a des monstres et des boss et même une petite surprise pour la fin. Vous contrôlez un personnage qui s’appelle sobrement Le Batteur et qui doit purifier le monde avec sa batte de base-ball et vous tapez sur des fantômes. Rien de bien étonnant donc, à première vue.
 
 
Mais bien sûr, je ne serais pas en train d’écrire tout ça si OFF n’était qu’un jeu indépendant mignon qui se finit en 4 heures. Vous me connaissez depuis le temps. Vous savez que j’aime les ambiances bizarres et les trucs qui sortent des normes. Et cette petite trouvaille ne déroge pas à la règle.
 
Pour commencer, OFF n’est pas exactement mignon.
Malgré l’apparence première plutôt sobre et enfantine, avec des jolies couleurs et des personnages qui se contentent d’être des dessins en noir et blanc aux visages innocents, le manque flagrant de vie et d’émotions devient rapidement oppressant. Les personnages ont toujours l’air d’hésiter. Ils savent pas trop, ils laissent faire, ils veulent pas d’ennuis. Qu’on les laisse donc vivre tranquillement sans poser de questions et sans courir de risques. On vous laissera toujours dans le flou, vous voulez aller par là, vraiment ? Mais êtes-vous sûrs que vous y trouverez ce que vous cherchez ? Enfin, c’est comme vous voulez, hein, mais bon…
 
Tout le temps. Tout le temps.
 
En fait, il n’y a que trois personnages qui semblent savoir ce qu’ils font : le Batteur, bien sûr, qui ne déroge pas une seconde à sa ligne de conduite ; un chat parlant appelé le Juge, qui vous guidera dans votre aventure, non sans faire honneur à son surnom en faisant des constatations mesquines sur votre attitude ; et Zacharie, le vendeur, qui ne cessera de vous rappeler que vous êtes dans un jeu et qu’il sera partout avant vous avec des objets plus avancés que les vôtres.  Mais à part ceux-là (et encore), tout le monde semble penser que votre présence est dérangeante.
 
Ce qui m’amène subtilement à autre chose.
 
Dites-moi.
Quand vous jouez à un jeu avec un scénario un tant soit peu développé, à quoi vous attendez-vous ? Qu’est-ce qui revient toujours. ? Quelles sont les mécaniques qui vous semblent tellement évidentes et nécessaires que vous ne les remarquez même plus ?
 
Vous ne voyez pas ? Je vais vous aider.
 
Vous voyez, le truc perturbant avec OFF c’est qu’assez rapidement, vous commencez à vous demander si quelque-chose ne clocherait pas quelque-part. Si l’attitude de tous les personnages autour de vous n’est pas plus légitime que celle du personnage que vous contrôlez. Si vous n’êtes pas vraiment en train de faire un truc qu’il ne faudrait pas faire. Si vous ne seriez plutôt complice du méchant partant allègrement massacrer tous les gentils qui vivaient tranquillement jusque là.
 

Et c’est là, je pense, toute la force d’OFF.
 
Pas le fait que vous soyez peut-être méchant. Peu importe que vous soyez méchant. Après tout, il y a déjà des jeux qui vous proposent de choisir votre alignement moral ou qui vous offrent un plot twist à la fin.
 
Mais l’élément premier d’un scénario est de créer un héros qui sera attachant. Particulièrement dans un jeu vidéo, où vous allez devoir vous coltiner ce personnage tout au long de votre expérience qui peut durer des dizaines d’heures. De la même manière que les fesses de Lara Croft se devaient d’être attractives, il est donc important que votre personnage principal ne vous porte pas sur le système et qu’il agisse selon des valeurs auxquelles vous pouvez vous identifier. Que ce soit la noblesse d’esprit ou simplement la vengeance, d’ailleurs ; l’important est que le personnage ait l’air humain. Et alors, on s’imprègne de son comportement et de ses opinions qui viennent justifier les actions qu’on commet.
 
Ca ne se passe pas comme ça dans OFF. D’abord, vous n’incarnez pas votre personnage, vous le contrôlez. Vous êtes le joueur et il est votre pion, ce qui crée une première distance. La seconde tient dans le fait que ce personnage est complètement vide. Il n’a pas de nom, pas d’histoire, pas de caractère. Il doit purifier le monde mais c’est un objectif vaste,  flou, sans aucune signification. Il dit qu’il faut aller là, qu’il faut faire ceci ou cela et vous le suivez parce que vous êtes habitué à aller là où on vous dit d’aller, à faire ce qu’on vous dit de faire. Pas parce que vous vous sentez attaché à lui.
 
Et cela va encore plus loin parce que tout ce principe est inversé. Les figurants aussi perdent leur caractère de figurants, indifférents à votre progression, pour adopter une attitude totalement indépendante de la votre. Ils étaient là avant vous. Ils vous voient et vous accueillent, et puis continuent à faire ce qu’ils ont à faire. Ils ont une histoire qui prenait place avant votre arrivée et qui continue pendant que vous êtes là.  Ils semblent à bien des égards plus normaux que vous, même si la norme d’OFF est déjà différente de celle du monde réel.
 
Voilà la force d’OFF. Réussir à vous emmener jusqu’au bout d’une histoire par la force d’un personnage inhumain qui n’est soutenu par personne, au mieux toléré par un monde qui s’en sortait très bien sans lui. Vous n’êtes pas important. Vous n’êtes pas un héros. Et pourtant, vous avez tellement l’habitude de jouer que vous n’en avez même plus besoin. C’est évident, forcément impliqué, même dans une histoire qui vous ne le dit pas. N’est-ce pas fascinant ?
 
 
Je suis sûre que ce n’est là qu’un seul aspect de ce jeu. Qu’on pourrait discuter de tas d’autres choses et que ce serait tout aussi vrai et tout aussi intéressant. Qu’il y a d’autres parallèles à faire, d’autres références ; en fait je suis sûre que si en cours de français, on étudiait les jeux plutôt que les livres, on pourrait faire sur OFF la même chose qu’on fait sur les classiques. Mais je vais m’arrêter ici. Et si vous voulez compléter ceci de votre expérience et de votre propre interprétation, je vous invite à jouer, et à faire part de votre ressenti lorsque vous aurez terminé.
 

Quoi que vous cherchiez, vous ne serez sûrement pas déçus du voyage. :3

Je l'ai téléchargé et commencé il n'y a pas longtemps et... waw. C'est vrai que, waw.

Je dois avouer que, depuis le début, je ne sais même pas ce que je fais. J'ai fini mes petites affaires dans le bâtiment du service postal de Damien, et après ça, je suis parti directement à Alma, sans me soucier de si je devais visiter les autres villes avant XD

Je me suis arrêté aux fontaines de viandes, mais je reprendrai plus tard. C'est un jeu bien random et bien wtf comme je les aime.  

Oh, vraiment, tu n'avais jamais fait OFF, Doop'?
Tu vas vraiment aimer, alors, je pense. :D

Pour ce qui est de l'article en lui-même, je retrouve en te lisant les difficultés que j'avais écrire mon propre test. Pour moi, OFF, c'est tellement dément et génial que, quoi que tu écrives, ça sonne plat. J'arrive pas à transmettre cette excitation incroyable que je peux avoir quand on aborde le sujet : l'univers magnifiquement vaste, construit, intense ! Avec des motifs psychédéliques, le graphisme, les traits de crayons ! ... Râh ! C'est frustrant ! °A°

OFF c'est tellement noir, tellement prenant. C'est le jeu qui m'a donné peur de la couleur blanche. C'est retord, c'est vil, bref c'est magnifique.

Et c'est parce que OFF c'est tout ça à la fois que c'est très difficile d'écrire sur le sujet.

Hehehe, c'est exact. J'ai fait de mon mieux mais il m'aurait fallu au moins quatre pages de plus pour m'approcher de ce que je voulais, et ça n'aurait sûrement pas été suffisant à rendre hommage au jeu. Donc je me suis arrêtée avant et je vous laisse faire l'expérience vous-mêmes. Mais je suis sérieuse. N'hésitez pas à venir enrichir ça de vos propres constatations ou réflexions si vous jugez que je n'ai pas assez appuyé dessus. OFF mériterait un véritable tour d'horizon et il faut qu'on soit plusieurs pour ça. :3